Traversées en eaux troubles : porosité des frontières, dérives de la langue et croisement des genres dans The Three Birds de Joanna Laurens - Publications des membres d'ARDAA (Association pour la Recherche en Didactique de l'Anglais et en Acquisition) Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Études britanniques contemporaines - Revue de la Société dʼétudes anglaises contemporaines Année : 2015

Sailing through troubled waters: fluctuating boundaries, linguistic transgressions and genre crossings in The Three Birds by Joanna Laurens

Traversées en eaux troubles : porosité des frontières, dérives de la langue et croisement des genres dans The Three Birds de Joanna Laurens

Résumé

The Three Birds, Joanna Laurens’ debut play, is a retelling of the Greek myth of Philomela which departs, in some respects, from the ancient story as it is related in Ovid’s Metamorphoses. A dramatic starting point of the play as well as of the fable however is the crossing of the Aegean sea, which remains a central dynamic as the characters come and go between Athens, the civilized polis, and Thrace, the barbarian country, passing by Aulis in Boeotia. Although it marks at first the alliance between the two formerly rival kings, Tereus and Pandion, it then reveals and accompanies the literal and figurative uprooting of all the characters, each of them becoming marginalized and being thrown into some form of exile. The protagonists and the objects of the play thus navigate from one place to another, and, from one journey to the other, identities become blurred and perspectives intersect. A line is crossed when Tereus rapes his sister-in-law and cuts her tongue to keep her from telling the truth, but Lauren’s original twist is to make Tereus deep in love with Philomela and driven by his passion, not a Thracian acting under the influence of his barbarian origins. This is where violence starts permeating the play, causing barbarism to cross over all the boundaries, passing through and impacting on each character regardless of their race, sex and age. Echoes and mirror effects show how it pervades the acts and language of each protagonist until the categories of the inhuman and the subhuman meet into the final transformation into birds, breaking down the last boundary which distinguishes between human barbarity, the most extreme form of exile, and literal bestiality, the ultimate deterritorialization. This article looks at how the collapse of certain principles triggers a contagious becoming-barbarian which evolves into a ‘becoming-animal’ (Deleuze). Following the quote from Heraclitus ‘Panta rhei’ (‘Everything flows’) used by Laurens as epigraph to her play, I propose to see how barbarism goes from one character to another, making ethical postures interchangeable. From transfers to transformations, from alterations to alienation, we will see how the permeability and even vanishing of boundaries is expressed through the poetry of the dramatic language coined by Laurens, resulting in a crossing of genres.
The Three Birds, la première pièce de Joanna Laurens, propose une réécriture dramatique du mythe grec de Philomèle qui s’inscrit à certains égards en contrepoint de la fable telle qu’elle est relatée dans les Métamorphoses d’Ovide. En point de départ de la pièce comme du récit originel cependant, se trouve une traversée fondamentale : celle de la mer Égée, qui donne lieu à plusieurs va-et-vient entre Athènes, la polis normalement civilisée, et Thrace, la contrée barbare, en passant éventuellement par Aulis en Béotie. Si ce mouvement signe d’abord l’alliance des deux rois autrefois rivaux, Térée et Pandion, il marque bientôt le déracinement et finit par entraîner la perte de tous les personnages. D’une contrée à l’autre, d’un voyage à l’autre, les protagonistes et les objets circulent, les identités se troublent et se défont, les liens se brouillent et s’entachent. Une frontière de trop est franchie lorsque Térée commet l’irréparable en abusant de sa belle-sœur et en lui coupant la langue afin qu’elle ne révèle pas le viol, mais l’originalité de Laurens est d’avoir fait de Térée un homme transi d’amour pour Philomèle et mu par sa passion, et non un Thrace agi par ses origines barbares. C’est là que prend naissance la véritable traversée : celle d’une violence qui parcourt la pièce, initiatrice d’une barbarie qui passe entre les protagonistes, les imprègne tour à tour et décloisonne ainsi les catégories de genre, de race et de génération. Entre effets d’échos et jeux de miroir, elle transpire à travers les paroles et les actes des personnages, faisant se croiser les modalités de l’inhumain et du subhumain jusqu’à la transformation finale en oiseaux qui abolit ainsi une dernière frontière, celle qui sépare l’humanité barbare de la bestialité, l’exil donnant lieu à une « déterritorialisation absolue ». Cet article étudie la façon dont l’effondrement des repères enclenche ainsi un devenir-barbare contagieux qui se mue en « devenir-animal » (Deleuze). En prenant appui sur la citation d’Héraclite que Laurens place en épigraphe de sa pièce, « Panta rhei » (« Everything flows »), nous verrons comment la barbarie traverse les personnages, qu’elle emporte sur son passage comme un fleuve tumultueux le long duquel les postures éthiques se croisent, se renversent ou se superposent. De transferts en transformations, d’altérations en aliénations, il s’agira enfin de montrer comment cette porosité des frontières, voire leur abolition, affecte le langage dramatique et résulte en un croisement des genres.
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Citer

Solange Ayache. Traversées en eaux troubles : porosité des frontières, dérives de la langue et croisement des genres dans The Three Birds de Joanna Laurens. Études britanniques contemporaines - Revue de la Société dʼétudes anglaises contemporaines, 2015, 48, ⟨10.4000/ebc.2073⟩. ⟨hal-03933199⟩
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